7/ Logique de guerre ONU-USA-IRAK

Najib BENSBIA, 18/12/2002

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La mise à mort totale du peuple irakien offre aujourd’hui au régime irakien le prétexte recherché par tout système de gouvernement totalitaire. Souvenons-nous de l’Allemagne hitlérienne. De l’Italie reniflant les bottes fascistes. Le peuple, cette invention grecque acquiesce à la force, bon gré, mal gré. Il ne peut lutter contre le chef en guerre contre l’ennemi. 

 L’Irak de Saddam a subi une guerre totale que lui impose le païen... Celui-ci se vautre dans la conscience yankee. Il n’est donc de sursis pour l’Irakien que de se sentir solidaire, à son insu, contre son gré, pieds et mains liés, de ses dirigeants. Il y va de l’honneur de la nation.

Saddam Hussein n’est pas un humaniste. Mais il n’est pas non plus le dindon de la farce. Il joue avec l’Occidental comme on se joue de sa propre vertu. Muselant toute opposition, menant une guérilla mortelle contre ses adversaires, que ceux-ci vocifèrent au-delà des frontières nationales ou qu’ils croupissent sous les lambeaux de la destruction massive. Fantasmagorie de l’esprit malsain que de parler, ici et maintenant en Irak (ou hors d’Irak) de démocratie, de libertés, de droits de l’Homme ! Au nom de quels principes pourrait-on le faire? L’Occident vindicatif a-t-il une larme de décence pour se permettre de palabrer sur des vertus bafouées par lui-même? Ne procède-t-il pas à l’extermination rampante d’une nation dont le crime est qu’elle a comme Président un homme vomi par l’Américain!

Le leader irakien systématise la pratique de l’entonnoir contre toute velléité démocratique ou de revendication à la participation au pouvoir d’État. Cependant, et contrairement à ce qui se passe dans le monde arabe, le régime irakien peut se targuer d’avoir procédé à une véritable renaissance culturelle, économique et, surtout, militaire de son pays. S’émancipant de l’hégémonie occidentale en développant un arsenal militaire, grâce à la coopération avec l’Union soviétique, le régime irakien orchestre une véritable révolution culturelle qui lui permettra d’envahir le marché de l'édition bon marché à l’échelle du monde arabe. Le rayonnement régional de l’Irak est un fait que même ses adversaires les plus acharnés, à l’extérieur et à l’intérieur de l’Irak, n’osent, et ne peuvent,  remettre en cause. Le baâthisme irakien a eu ses heures de gloire. Il a damé le pion à son confrère syrien, pris en tenailles entre les mamelles islamistes, qui mènent la vie dure au Président Hafez El Assad, et le harcèlement israélien jusque dans les frontières méridionales de la Syrie.

En tombant du haut de sa stature dans le guêpier occidental, en s'engageant dans une guerre injustifiée du point de vue stratégique contre l’Iran, l’Irak satisfait en fait à une volonté insidieuse occidentale qui a toutes les raisons d’en vouloir à la révolution islamiste khomeyniste. Ce qui, du même coup, lui offre le loisir de voir la puissance militaire irakienne s’épuiser dans une belligérance fastidieuse et fort préjudiciable aux deux puissances du Golfe, l’Irak et l’Iran. L’Irak a, à son insu ou par entêtement tribal stupide, fourni le plus  précieux mais triste prétexte aux Américains qui voient, depuis le début des années quatre vingt (le souvenir de la crise de l’énergie et la montée - 25 dollars ! - du prix du baril de pétrole en 1973 est encore fort présent dans les esprits capitalistes) d’un oeil ravageur la montée en puissance de ce géant régional que n’épuisent ni la guerre contre l’Iran, ni les vicissitudes du harcèlement chiite, et encore moins les turbulences autonomistes kurdes. La ‘’tempête du désert’’ porte en effet son nom. Elle a eu pour vraie dessein de ruiner l’État irakien qui prétendait réguler à sa guise le pétrole dont est gros le désert moyen-oriental. Le comble est que, dans cette guerre injuste et injustifiée, personne n’est dupe. L’Europe sait que les États-Unis font le sale boulot de l’épuration intéressée à sa place. Elle en cautionne les aboutissants tout en périphrasant sur ses tenants.

L’indécence américaine est, cependant, ailleurs. Elle est dans cette intelligence belliqueuse à faire porter le chapeau à tout l’Occident (et aux États arabes loufoques) de la défense des intérêts stratégiques des USA dans la région du Moyen- Orient. Car, il est une évidence outrageante que la destruction de l’Irak procède d’un souci vital pour Washington: il n’est pas question qu’une quelconque force (l’irakienne d’avant 1991 en l’occurrence) s’octroie le loisir de contrôler le flux pétrolier (plus du tiers des réserves mondiales), ou d’influer à la hausse sur les cours de l’or noir. La région du Moyen-Orient est vitale pour les finances et la dominance économique américaines. L’Irak paie pour avoir cru qu’il pouvait impunément souffler sa volonté au capitalisme américain.

Que dire, en définitive de ce qui se passe aujourd'hui, à la veille d'une dernière frappe américaine ayant pour objectif final la mise à mort du régime politique de Saddam Hussein, parce que ce dernier vit, en effet, sa dernière ligne droite avant sa liquidation politique, voire physique par la machine de guerre américaine ? 

Il nous plait de conclure par la voix de Jean Daniel, journaliste français qui se veut un ami des arabes mais, en même temps, un ''lucide'' éclaireur du droit des Israéliens à vivre forts dans un sous continent empli de tant de poudrières.

Prospectant, en effet, la folie de grandeur du Président irakien quand il a envahi le Koweït, Jean Daniel s'est exprimé, comme par dépit en ces termes : ‘’ En envahissant le Koweït, c’est-à-dire en saisissant l’occasion d’un contentieux avec un voisin pour le supprimer, Saddam Hussein a été probablement béni par les états-majors américain, britannique et israélien. Les Américains, puisque depuis novembre 1989 et l’implosion du mur de Berlin, les États Unis cherchaient un prétexte pour affirmer quelque part, qu’à défaut du condominium soviéto-américain sur le monde, ils entendaient assurer seuls la police du monde et que nul, nulle part, ne devait en ignorer. Les Britanniques parce que l’Irak et la région étaient leur fief séculaire, leur création, leur aire d’épopée et qu’il se sont très mal consolés de se voir supplanter, par les États Unis d’abord, mais ensuite et surtout par les Soviétiques et les Français. Les Israéliens enfin, parce qu’ils étaient impopulaires dans le monde entier, du fait de la répression de l’Intifada. Soudain les Irakiens, qui avaient eu leur moment de gloire lorsqu’ils combattaient l’intégrisme iranien, devenaient le seul vrai ennemi dans la région (...). Cette guerre (contre l’Irak) a été voulue par les Américains, les Britanniques, comme par Israël, la Turquie, la Syrie, l’Arabie Saoudite. Elle n’a été refusée par personne. Si on ne comprend pas ce fait dans toutes ses dimensions, alors c’est que, par passion partisane, on se condamne et on ne peut rien comprendre au monde d’aujourd’hui...‘’




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