Najib BENSBIA, 30/12/2002
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L’utilisation de la force armée est un principe général dans les relations internationales. Les mécanismes de l’ONU, qui ont eu pour fondement principiel de remédier aux carences constatées au sein de la SDN (Société des Nations, ancêtre de l’ONU), prévoient le recours à la force armée en tant qu’acte d’exception, la règle étant la recherche par tous moyens nécessaires du maintien (donc le retour à la normale) de la paix et de la sécurité dans les relations inter-étatiques.
Ce principe, puisé dans la substance de l’article 1er de la convention de Vienne relative au règlement des conflits internationaux signée à La Haye le 18 octobre 1907, interdit l’emploi de la force (individuelle ou/et collective) dans les relations internationales et recommande corrélativement l’obligation de régler les différends internationaux par les moyens pacifiques. Cette quête pacifique dans les relations internationales est une mission impérative découlant des articles 2 paragraphe 3, et 33 de la charte des Nations Unies et confirmée par la ‘’Déclaration relative aux principes du droit international touchant aux relations amicales et à la coopération entre les États’’, adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies le 24 octobre 1970.
En vertu de cette déclaration, tous «les États doivent régler, autant que possible, leurs différends internationaux avec d’autres États par des moyens pacifiques, de telle manière que la paix et la sécurité internationales ainsi que la justice ne soient pas mises en danger’’.
Les relations internationales, dans le droit et le principe juridique qui le porte, doivent être bâties sur la paix et la non-agression. Or, l’histoire de ces relations est jonchée de conflits armés réguliers qui ont finalement grossi la jurisprudence internationale en la matière. La guerre, qui doit être un état exceptionnel circonscrit, est la trame qui alimente la dynamique des relations internationales.
Ce qui s'est passé en Irak a obéit à une structure politique qui a affiché la volonté chevronnée de détruire tout dans ce pays, de nuire fondamentalement à la vie, là où elle est, le cynisme avec lequel est traitée l’agonie d’une nation et l’effacement de toute trace d’une civilisation plus que millénaire, tout cela ne peut être considéré comme reflétant le discrédit total de la mission réelle, première, fondamentale pour laquelle l’ONU a été créée et sa charte adoptée par les nations libres de la seconde guerre mondiale.
Dans les faits, et en application des principes contenus dans la charte onusienne en ce qui concerne les différends internationaux, et particulièrement ceux armés, l’Irak aurait dû être soumis, une fois sorti du Koweït et cantonné dans ses frontières propres, au régime juridictionnel tel que prévu par les dispositions de la charte de l’ONU.
La préférence américaine pour l’extinction pure et simple de l’Irak a fait voler en éclats toute propension à favoriser la paix dans le cas d'espèce. Pour les USA, l'Irak est à détruire. Il sera donc détruit, à jamais. Aujourd’hui, plus de 11 ans après, l’Irak continue de souffrir le martyre sous la pression criminelle d’un embargo qui a tué des milliers d’enfants, à force de malnutrition et d’absence de médicaments et de soins, qui essouffle vieillards et femmes enceintes, qui annihile tout espoir chez une jeunesse qui ne peut rire, sourire et vivre au rythme de ses ambitions somme toute élémentaires pour toute nation libre et responsable de son devenir.
L’embargo économique et financier, dédoublé des contraintes militaires, elles-mêmes nourries par les bombardements continuels et sans relâche des habitations civiles; tout ce système oppresseur est érigé en passe-droit américain décidant de la mort de l’État irakien. Cela sous le regard incandescendant de l’ONU, du Conseil de Sécurité et de la Communauté internationale dans son ensemble.
Et l’on ose se targuer de paroles et de discours balisant les droits humains, le bien-être collectif et le droit à la vie… Triste humanité !