Najib BENSBIA, Condensé du Rapport stratégique 2007
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L’année 2007 fut, sans conteste, l’année de toutes les ruptures, surtout au niveau politique, en ce sens que les élections législatives du 7 septembre 2007, événement déstructurant à maints égards, marqueront pour longtemps la mémoire collective marocaine (Etat, société et jeu politique global). En elle-même, cette date - événement phare de l’année - ouvre le devenir du Maroc sur toutes les options, notamment celle de la désinstitutionalisation des rapports de pouvoir, au regard des contradictions majeures qui minent la pratique ‘’constitutionnelle et démocratique’’ nationale. Elle marque surtout la conscience qu’a désormais l’électeur du jeu politique et partisan ambiant. A ce dernier titre, le multipartisme marocain subira, pour longtemps encore, la fourche déstabilisante du niet magistral que lui a infligé le citoyen averti.
L’année 2007 a été fermée sur un chapitre bien symbolique : la démission forcée de MM. Mohamed El Yazghi et Abdelouahed Radi1 de leurs postes respectifs de Premier Secrétaire et de Premier Secrétaire adjoint de l’USFP. Symbolique car, par cet acte, l’Union socialiste des forces populaires voulait envoyer un signal fort à sa base (ce qu’il en reste du moins), à ses sympathisants, ex ou en sourdine, et au microcosme national. En soi, cet acte est courageux, tout en restant infime si une vraie, une concrète et une réelle ‘’révolution culturelle, politique et éducative’’ n’est pas immédiatement enclenchée au sein de ce parti.
Ce chapitre est, en fait, un condensé des conséquences directes de l’événement politique majeur et, en même temps, symptomatique du malaise que vit le Maroc moderne depuis des lustres maintenant : Le 7 septembre 2007 est, en pertes et profits, la date la plus marquante-éreintante qu’a connue l’exercice 2007 et, par-delà, le Maroc de Mohammed VI à aujourd’hui.
Les clefs politiques saillantes
Trois composantes fondamentales ont animé l’année politique 2007. Il s’agit d’abord d’une constante, depuis pratiquement 2001: la présence effective et permanente du roi sur le terrain sociopolitique et économique. La prégnance du Souverain, tant au niveau de la dynamique institutionnelle qu’à l’échelle de la capacité de mobilisation des masses, est évidente, réelle et, à la limite, problématique, au regard du rôle et de la place du gouvernement dans la compartimentation des parcelles de pouvoir au sein de l’Etat, d’une part, et dans la relation de celui-ci aux affaires du citoyen, d’autre part. De ce point de vue donc, l’exercice 2007 a montré que, pratiquement, la question de la gouvernance au Maroc restera secondaire tant que les rôles normatifs à l’intérieur de l’Exécutif marocain n’ont pas été définitivement réglés à l’aune du bicéphalisme dynamique.
Il faut noter, a contrario, que le début de règne de Mohammed VI s’est fait remarqué par une nette ouverture sur le statut gouvernemental. Dès le départ (1999-2000), il est clairement apparu que le jeune roi accordait un satisfecit politique indiscuté au gouvernement Youssoufi. Appel fut ainsi constamment lancé au Premier ministre de l’époque à agir promptement pour accélérer le rythme des réalisations de son gouvernement et, surtout, des moyens devant assurer développement harmonieux du pays et du citoyen et croissance durable. Ce satisfecit, au lieu d’impulser les décisions courageuses, certes impopulaires mais porteuses à moyen terme, a poussé le gouvernement dit d’alternance consensuelle à se berner d’idéologisme fracassé (sept partis antagoniques !).
Ainsi, la logique constitutionnelle fut sacrifiée sur l’autel de l’opportunisme instantané. Le résultat est aujourd’hui patent : Un Etat indécis. La confiance populaire débridée. Le dialogue inter classes sociales en quête de miracle. En lieu et place d’une gouvernance gouvernementale, l’Etat est soumis à un véritable dédoublement de la décision politique de dernière instance. Alors que la norme et le politique supposent que c’est le gouvernement qui gère et contrôle la politique nationale (dans ses différentes ramifications), c’est, a contrario, à la prolifération de commissions et autres institutions érodant tous les pouvoirs du gouvernement que l’on assiste, de la politique d’investissement à la quête de la stabilité sociale, en passant par l’Education, la santé, les affaires étrangères...
Le résultat est aujourd'hui pathétique : un appareil d'Etat en quête éternelle d’équilibres impossibles, une classe politique et partisane oligarchique, au bout du rouleau, et une transition en interpellation permanente d'identité. Quant à ceux qui ont cru, depuis le 14 mars 1998, que le Maroc est en transition démocratique, ils ont tout simplement déchanté le 9 octobre 2002, lorsqu'un outsider (M. Driss Jettou en l’occurrence) a été nommé Premier ministre de ce qui était supposé affermir la pratique démocratique marocaine mais qui, dans sa substance et sa symbolique, a renvoyé le Maroc un cycle en arrière. Et plus encore le 7 septembre 2007, avec toutes les péripéties qui ont fini par dicter au premier ministre désigné la liste de son gouvernement !
Dans cette perspective, insondable à bien des égards, les sous pouvoirs occultes manipulant la décision politique s’incrustent entre le roi et le reste, balisant ainsi le terreau de l'impopularité de l'Exécutif gouvernemental et renforçant des oppositions radicales. Car, en effet, que se passe-t-il aujourd'hui au Maroc ? Ce sont les Conseillers du roi, les services de commandement sécuritaire et paramilitaires qui semblent re-guider la décision de dernière instance. Or, on le sait, à chaque fois que les organes de sécurité (armée, police politique et services divers de renseignements) se mêlent de politique, la société s'ébrèche sous le forcing du muselage.
La deuxième composante concerne la mission du parti politique marocain et le rapport de celui-ci à la société globale. Cela est endémique, en effet au Maroc2, l’Etat a veillé, durant les décennies 1960-90 et de manière assidue, à décrédibiliser le parti politique aux yeux des larges couches populaires, en réduisant l’impact de sa participation à la chose publique, via notamment les conseils municipaux et communaux, d’un côté, et en assimilant la représentation populaire au parlement à un jeu de dupes, une pure parodie goinfrant l’intelligence marocaine. Après que cet Etat se soit rendu compte, à la fin des années 90 et début 2000, du danger de la décrédibilisation partisane et des dégâts causés au niveau sociétal, il a cru bon de remédier à ces dommages collatéraux via les associations, sans se rendre compte que l’attrait de celles-ci se fait également et fondamentalement aux dépens du système de partis, canal exclusif de mobilisation politique de masse. Conséquence immédiate de tout cela, on le sait maintenant, le système de partis marocain est devenu une machine à produire le rejet, l’indifférence, voire le rebus et, en logique formelle, l’éloignement des masses du seul canal de participation civique à la gestion avertie des affaires de l’Etat et du citoyen.
Crise d’intelligence
En conséquence, face à la paresse dans l’imagination et la défloraison des idées, le Maroc vit, depuis 1998, sous le sceau d’une véritable crise d’intelligence partisane. Non seulement les partis politiques ne sont plus ce qu’ils étaient durant les trois premières décennies du Maroc d’hier, celui du 20è siècle en partance irrémédiable, mais la classe politique actuelle n'apporte rien, ou peu, à la pensée et à la réflexion, autant sur les plans de la théorie que de l'espace, des espaces de libertés. S’est installé, de ce fait et contradictoirement, un débat vicié qui met à mal la crédibilité les institutions de l’Etat, notamment le parlement et le gouvernement. Ainsi, au moment où il était attendu, dans la perspective du scrutin législatif du 7 septembre 2007, que le politique réactive ses leviers en fonction des échéances (les élections locales et générales), la réflexion se détourne de ses vrais objectifs, pour finir dans la mare de la susurre stylistique.
La facture est bien lourde : personne n’accorde le moindre crédit à la longévité du gouvernement en exercice, surtout après la démission forcée de MM. Youssoufi et Radi de leurs responsabilités au sein du Bureau politique de l’USFP, lequel parti, on le rappelle ici par simple pédagogie, inscrit son action gouvernementale et parlementaire dans une ‘’approche critique’’, qui permet à l’Union socialiste de n’accorder son appui au gouvernement El Fassi qu’au cas par cas !
La troisième composante de l’année politique 2007 est relative à la reconfiguration des alliances politico-partisanes, ou plutôt à la déréglementation des équilibres politiques assis depuis 1998, année de lancement de l’alternance dite consensuelle. Cette déréglementation, on le sait, est conséquente aux résultats des dernières élections législatives.
Vendredi 7 septembre 2007 à 18 H 17, en effet, le ministre de l’Intérieur annonce les résultats globaux provisoires des élections législatives tenues le même jour. Une véritable douche froide envahit l’assistance, invitée à suivre les résultats du scrutin législatif au centre de presse du ministère : Le taux de participation aux 2émes élections législatives organisées depuis que Mohammed VI est roi du Maroc ne dépasse point 37 % des inscrits sur les listes électorales ! Pourtant, dans les hypothèses de départ, les ‘’pronostics des connaisseurs’’ tablaient sur 70% environ. Ces élections n’étaient-elles pas, en effet, supposées être celles de la transparence, de la crédibilité et le miroir du Maroc démocratique, tel que le revendique le roi des pauvres ? Le scrutin du 7 septembre 2007 ne devait-il pas dater la rupture avec le système d’Etat Hassan II – Basri3 ?
De fait, ce scrutin a sonné le glas du politique tel qu’il a fonctionné depuis 45 ans d’électoralisme marocain. En laissant les urnes dire leur vérité, l’Etat a tout bonnement dicté l’amorce de la reconfiguration politico-partisane qui doit s’institutionnaliser, bon gré mal gré, au fur du temps politique qui passe. Dans ce cadre, la reconfiguration de la scène politique nationale qui s’amorce aujourd’hui est la résultante directe de la rupture politique décapante imposée par le scrutin du 7 septembre 2007. Rupture multi-têtes en fait, dont la plus marquante est celle entre la société politique et la société globale. Cette rupture s’est faite dans des termes et en fonction d’a priori opposés à ceux qui devaient être ‘’négociés’’ par l’Etat marocain ‘’moderne, démocratique et solidaire’’. Le Maroc a réellement basculé à cette date-là. Un Etat est mort, un autre Etat est né, celui du raz le bol électoral (18,2% seulement des 15 millions d’inscrits ont réellement voté !), face à un establishment en défaillance structurelle, face surtout aux choix partisans, aux non choix en fait. Ce scrutin sonna comme un appel au parler vrai dans la gestion du quotidien citoyen en somme. Et cela était à mille lieux du regard, hagard, du multipartisme marocain en dégringolade pathétique. La gifle fut tellement cinglante que chaque parti, surtout ceux qui sont nés sous l’étoile étatique (MP, RNI, UC pour ne citer que les plus représentatifs de cette tendance), ne savait s’il devait crier victoire ou avoir honte de son résultat brut. Bien sûr, pour l’USFP (parti gouvernemental dominant depuis 1998), la leçon fut ‘’révolutionnaire’’. Elle n’en est pas encore sortie, parce que devenue le dernier larron de la classe des ‘’grands’’. L’Union socialiste de Abderrahim Bouabid est aujourd’hui au bord du dépôt de bilan. Ce qui, soit la réveillera sérieusement et la remettra sur l’écheveau du militantisme professionnel qui devait être le sien depuis 1998, date de sa transformation pratique et décisive en parti social-démocrate, soit la meurtrira à jamais, dans la dislocation et la dispersion en ‘’partillons’’ de mauvaise conscience.
En d’autres termes, les partis politiques marocains ont été, pour la première fois de leur vie, devant leur propre valeur intrinsèque, sans fard, avec des chiffres ronds, nus. Cela a dérangé quasiment tout le monde. L’USFP, certes, mais surtout le PJD, qui ne peut plus chanter la rengaine du ras de marrée islamiste ! Cela a tellement dérangé au point de pousser le Mouvement Populaire au faux pas qui l’a renvoyé sans ménagement dans le camp de l’opposition. Seul le Parti de l’Istiqlal a jubilé. Car, de parti conservateur supposé à l’agonie lente, il sort du lot en vainqueur absolu devant l’éternel. Il en est satisfait, ravi et même revigoré. Reste le RNI, le parti de toutes les alliances, même avec le diable s’il en faut, pourvu qu’il ait sa part du gâteau, même empoisonné. Depuis 1998, le RNI est la formation ‘’colmate-brèches’’ gouvernementales. Il remplit sa mission de parti tampon très content de l’être...
Pourtant, la reconfiguration partisane née de ce dernier scrutin s’assimile à une déréglementation en bonne et due forme du camp de la ‘’majorité’’ gouvernementale. En effet, le gouvernement Abbès El Fassi ne dispose pas de la majorité parlementaire au niveau de la Chambre des Représentants (146 députés issus du scrutin du 7 septembre 2007, alors que la majorité requise pour gouverner paisiblement est de 166 sièges !)4. Par ailleurs, une composante importante de l’ex majorité, le Mouvement Populaire en l’occurrence, a été envoyée sans ménagement dans l’opposition, ce qui est en soi un acte lourd de conséquence, non tellement eu égard à la logique arithmétique (puisque le phénomène de la transhumance va dépecer ce parti), mais surtout en considération d’une logique politique qui aurait dû garder le MP dans la mouvance majoritaire.
A cet égard, le gouvernement Abbès El Fassi a pêché par de nombreux artifices, dont un mortel mais qui le dépassait en s’imposant à lui par le fait du prince : une équipe éparse, dévoyée à plusieurs centres d’allégeance et fonctionnellement désintégrée. Autant dire que le gouvernement du 15 octobre 2007 est assis sur un strapontin éjectable, à tout moment.
Les petits enseignements d’un scrutin
Le scrutin du 7 septembre est l’événement clef de l’exercice politique 2007. Il aura été d’un sévère rappel à toute la société politique marocaine. C’est un sévère rappel pour l’Etat d’abord, parce qu’il est resté sur la même communication électorale conçue d’en haut depuis des lustres, malgré des changements de style et l’implication malvenue d’outsiders privés réfléchissant en donneurs de leçons. En cela, l’Etat n’a donc pu percevoir la véritable désaffection que 45 ans de vaines et intenables promesses ont engendrée négativement chez le bon peuple.
Pour les partis ‘’historiques’’, ensuite, vieilles machines titubantes et sans vision sociétale, depuis que le capitalisme a déconstruit les idéologies de masse nées sous la coupe du socialisme conquérant des 70 premières années du 20è siècle marocain. Ils ont, de ce fait, perdu le contact avec la réalité populaire, se sont fondus dans les ‘’affaires’’ de l’Etat, affaires qui ne sont pas celles dont le bon peuple se nourrit dans sa quotidienneté harassante. De ce fait, ces partis ont perdu la confiance populaire, donc électorale, et ont égaré ce qui ne fait plus le sens de leur mission, l’encadrement des citoyens.
Pour la société civile, également, qui se veut objecteur de conscience de l’Etat et de tous ses appareils, qui dit être l’âme de la société mais qui s’est arrogé l’initiative du fait politique à la place des partis, en démission collective. En revendiquant le droit à l’observation avertie, la société civile marocaine s’est désengagée de sa mission originelle. Elle s’est impliquée, au corps défendant des partis politiques, dans toutes les ruelles menant vers l’acte politique intrinsèque : le choix des gouvernants. En cela, elle a cherché à penser à la place du citoyen. Le scrutin du 7 septembre 2007 l’a désavouée tout aussi fastidieusement que cela fut pour le reste des acteurs du Maroc politique.
Pour les observateurs du fait politique national, enfin, qui n’ont rien vu venir et qui ont été astreints à faire du sur place : commentaires désabusés ou frisant le narcissisme de mauvais aloi à la clef. Aucune analyse clairvoyante n’a orné le débat marocain, tant le non vote a brutalisé la realpolitik qui domine le discours ambiant, depuis que l’alternance consensuelle5 menée par Abderrahman Youssoufi a sonné le commencement de la fin de l’USFP.
Les commentaires qui ont accompagné l’annonce du taux d’abstention - et non les résultats en eux-mêmes - aux législatives du 7 septembre 2007, ont surfé sur la sclérose des partis traditionnels, au lieu de réfléchir plutôt sur l’incapacité, désormais dangereuse, de ceux-ci à accompagner l’évolution des besoins urgents et immédiats de la société. Incapacité qui n’a de contre repère qualitatif que l’engagement du roi Mohammed VI à combler le vide que les partis politiques laissent au travers de leur itinéraire en déconfiture lente, mais certaine; des partis ‘’d’avant-garde’’ que l’alternance consensuelle (1998-2002) a figés dans le consensus mou, le compromis sentant la compromission.
De fait donc, l’année politique 2007 peut être ramenée essentiellement au scrutin législatif du 7 septembre dernier, avec toutes les conséquences induites en termes de gouvernance, de représentation parlementaire, de jeu ‘’majorité-opposition’’ et, in fine, de rapports institutionnels de pouvoir d’Etat. En effet, le Maroc actuel est, depuis le 15 octobre 2007, dirigé par un gouvernement minoritaire composé de quatre partis : le Parti de l’Istiqlal, le Rassemblement National des Indépendants, l’USFP, le PPS et un tiers de ministres parachutés, qui n’ont aucune réelle relation organique avec la majorité partisane gouvernementale. La notion ‘’majorité’’ est ici une pure fantasmagorie de l’esprit, puisque l’une des composante clef de cette majorité, en l’occurrence le Mouvement Populaire a été renvoyée manu militari, dans les rangs de l’opposition. Or, quelle qu’en fut la raison, ou le prétexte, ce qui revient au même en termes politiques, cela coûtera cher au gouvernement El Fassi, surtout que l’USFP, composante clef (malgré son mauvais score électoral) termine l’année en fracture organisationnelle. Cela pourrait la renvoyer purement et simplement à l’opposition. C’est le vœu de tous ceux qui ont poussé MM. El Yazghi et Radi à prendre la porte de sortie. Cela est dans l’air du temps, et il est d’actualité à ce que le gouvernement El Fassi subisse en conséquence son premier remaniement.
Enfin l’année 2007 est l’exercice politique qui aura façonné les clefs de la vraie et essentielle rupture du règne Mohammed VI… Une rupture qualitative dont les premiers résultats concrets seront perçus à l’occasion des élections communales de 2009.
NOTES :
1 Lundi 3 décembre 2007, ces deux responsables du Bureau politique de l’USFP ont présenté leur démission, chacun dans une lettre où ils expliquent ‘’les raisons’’ qui les ont acculées à ‘’accepter’’ de se plier aux exigences de leurs pairs du BP. Mohamed El Yazghi s’est fondu dans une lettre pathétique, publiée à la Une du quotidien ‘’Libération’’ en date du mardi 4 décembre 2007, où il annonce que ‘’pour préserver l’unité du parti, je déclare m’abstenir d’occuper le poste de Premier secrétaire et geler mes activités au sein du Bureau politique…’’. Contrairement à son acolyte, Abdelouahed Radi quitte la poste de Premier secrétaire adjoint mais garde les deux pieds au Bureau politique.
2 Dans le même sillage de lutte frontale entre l’Etat et les partis politiques issus du mouvement national, le pouvoir a instrumentalisé les islamistes marocains, qu’il a lui-même couvés et protégés durant les années 1960-70, pour s’en servir contre les militants de gauche, en les téléguidant pour éliminer physiquement ceux qui présentaient une menace pour les appareils d’Etat de l’époque, notamment Omar Benjellon, membre du Bureau politique de l’USFP et syndicaliste hors pair, assassiné en 1975 de la main d’un islamiste télécommandé.
3 Driss Basri, ministre de l’Intérieur plus d’un quart de siècle durant, a été limogé en 2001 par le nouveau souverain. ‘’Banni’’ volontaire en France, Basri est décédé le 27 août 2007 à Paris, à l’âge de 69 ans. Il a été enterré à Rabat dans l’indifférence coupable de tous ceux qui ont servi, sous sa coupole, le régime hassanien.
4 Lors de l’élection du Président de la Chambre des Représentants le 15 octobre 2007, Mustapha Mansouri, candidat RNI, a collecté 187 voix. Cette majorité a été acquise grâce à l’apport en voix des SAP et, dans une moindre mesure, des diverses gauches ralliées.
5 Averti de la gravité de sa maladie dès 1993, Hassan II, voulant assurer un interrègne sans remous, a réussi à faire entrer l’Union Socialiste des Forces Populaires dans le giron gouvernemental en 1998, à la suite des élections législatives organisées en novembre 1997. Cette étape a été appelée ‘’alternance consensuelle’’, au grand dam du courant radical du parti de Abderrahim Bouabid, figure emblématique de la social-démocratie nationale.