28 Feb
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Une fois encore, la famille de la gauche marocaine se présente en rangs dispersés aux élections. Par le passé, lointain et récent, cette gauche a éprouvé mille et une difficultés à s’entendre sur ce qui était tactique et ce qui devait constituer l’option stratégique. Les leçons tirées de cette mésentente structurelle sont aujourd’hui connus mais non entièrement intériorisées. Ne voit-on pas, en effet, les mêmes erreurs d’appréciation entraîner les mêmes constats !

Les élections du 27 septembre 2002 ont cette caractéristique de mettre dans le même panier la gauche traditionnelle, la gauche marxisante et, surtout, celle qui a refusé de cautionner le politique classique durant plus de quarante ans de dominance droitière. Mais, tout en étant un fait historique à relever, cette confusion des genres a détourné l’attention des vrais enjeux. Or, la question matricielle à poser est la suivante : doit-on sacrifier la structure organique de la lutte politique à engager sur l’autel, incertain et fluctuant, de la popularité, peu ou prou précaire, que procurent les leviers électoraux ?

La question, la vraie et grande question, qui se pose à la famille de la gauche marocaine aujourd’hui est en fait celle de savoir ce que l’on doit faire pour ne pas permettre à tous les opportunistes qui parsèment la scène politique nationale de revenir aux commandes, même de second rang, de l’Etat ?

Il est évident que toute échéance électorale est une épreuve qui permet aux colistiers qui s’y engagent d’embrasser la main du peuple. Mais justement, de quoi le peuple marocain a-t-il le plus besoin : d’embrassades sans lendemains certains, ou d’une poignée ferme qui le prémunit contre les errances du passé, un passé très récent pour ne pas subjuguer toutes les tentations dépravées et honnies de ce passé politique décrié même par l’épicentre du système monarchique marocain ?

Les élections du 27 septembre 2002 mettent en compétition 26 partis politiques. La gauche s’y présente avec six formations qui vont s’affronter dans les principales circonscriptions électorales. Soit un peu plus du quart des candidats. C’est beaucoup, c’est même trop. Parce que les six partis vont brouter dans le même électorat. La division surgit dans le cas d’espèce des interstices de la même famille, la gauche en l’occurrence. Est-ce raisonnable ? Est-ce politiquement défendable ?

Au sein de l’extrême gauche, actuellement réunie (mais en rangs dispersés organiquement) au sein du Parti de la Gauche Socialiste Unifiée, la question pratique qui aurait dû être posée est celle-ci : qu’attendons-nous des échéances législatives en cours : participer pour participer, faire front face à l’adversaire politique direct et réel ou emporter le maximum de voix pour mettre en œuvre une politique supposée être prometteuse pour le pays, peuple et nation confondus ?

Il ne semble pas que cette question ait été posée ou qu’elle ait même frôlé les esprits de ces partenaires. Ne fallait-il pas constituer une force d’appoint en faveur de la gauche traditionnelle, de l’USFP essentiellement en fait, tout en concluant un pacte politique avec le parti de Youssoufi en perspective des élections communales qui seront organisées dans trois ans ! La gauche socialiste unifiée entraînée par l’OADP ne glanera que quelques miettes lors du scrutin de ce vendredi 27 septembre 2002. Il ne faut pas rêver. Il aurait fallu voter utile. Pour cela, au regard du mode de scrutin de liste actuel et de l’état de la nation aujourd’hui, il aurait été plus instructif de réunir les voix autour d’un grand et véritable pôle de gauche unifiée. Cela n’a pas été le cas.

Les conséquences pourraient être grinçantes pour toute la gauche marocaine.

Najib BENSBIA, 26/09/2002

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